Brexit, taux bas, réglementation : les inquiétudes de la banque de france
Dans un rapport publié ce lundi, l’institut monétaire estime néanmoins que « l a viabilité des modèles d’activité des principales banques françaises ne semble pas menacée à moyen terme ».
Pas de panique en vue, mais attention quand même... C'est en substance le message que lance la Banque de France dans son rapport sur l'évaluation des risques et la vulnérabilité du système financier paru ce lundi. «Les risques pesant sur la stabilité financière en France restent maîtrisés dans un environnement macroéconomique et financier globalement dégradé», écrit l'institution.
Le Brexit et ses éventuelles conséquences
Malgré une amélioration de l'économie française et de la zone euro, « le risque macroéconomique reste prédominant, notamment en raison de la faiblesse des perspectives économiques mondiales ». La reprise en France et en Europe notamment « est conditionné[e] à très court terme par l'issue du référendum britannique sur un Brexit».
En plus de la volatilité des marchés, du ralentissement de la croissance, le référendum peut potentiellement provoquer un bouleversement au niveau des places financières : «Étant donné l'importance de la place de Londres dans le système financier, une sortie du Royaume-Uni de l'UE pourrait affecter à terme les banques françaises mais une réallocation des activités financières en Europe pourrait se dessiner ».
Au niveau macro-économique, c'est l'endettement des sociétés non financières en France, profitant des taux bas, qui inquiète le plus. Il constitue «un point de vigilance pour la stabilité financière. En effet, la France est le seul des grands pays européens où l'accroissement de cet endettement ne montre pas de signe d'inflexion.»
La volatilité des marchés financiers
L'année 2016 a connu un démarrage difficile. Ce qui a pesé sur les performances boursières du secteur de l' énergie, mais également sur le secteur bancaire. L'indice européen des banques est tombé en février à des niveaux de 2012 quand on craignait une explosion de la zone euro. « les marchés financiers ont retrouvé un calme relatif mais les signes de nervosité sont patents ». La Banque de France cite entre autres les incertitudes sur le rythme de la remontée des taux américains. Et aussi les questions autour de la liquidité des marchés obligataires. Cette dernière fait « l'objet d'une divergence de vue »
Les taux bas vont durer
Les banques sont prévenues. L'environnement de taux bas a de bonnes chances de durer : «Du fait du scénario de reprise modérée de l'activité en Europe, nous n'anticipons pas de modification de l'environnement de taux bas en France à court terme.»
«Pour les banques françaises, l'environnement de taux bas constitue un point de vigilance essentiel, celles-ci présentant une forte dépendance aux revenus d'intérêt liés à leur activité de crédit.» De plus la faiblesse des taux d'intérêt les incite à «réallouer leurs portefeuilles vers des actifs à rendement plus élevé mais aussi plus risqués.» Les banques ne sont pas les seules visées: «La faiblesse des taux d'intérêt fait également peser un risque de soutenabilité sur le modèle d'activité des organismes d'assurance ». Et ce malgré les efforts de certains pour privilégier les contrats en Unités de Compte, transférant le risque sur l'épargnant.
L'Immobilier commercial
«La vigilance reste de rigueur pour l'immobilier commercial, dont les prix sur certains segments atteignent des niveaux élevés, particulièrement concentrés dans le secteur de l'immobilier de bureaux en Ile-de-France», prévient l'institution. Avant de poursuivre : «l'existence d'un excès d'offre sur le marché immobilier commercial associé à un choc financier en cas de remontée des taux d'intérêt pourraient entraîner une chute générale des prix du secteur, qui serait susceptible de provoquer un défaut total ou partiel des détenteurs de fonds d'investissement immobiliers.»
Cybersécurité et réglementation
Le secteur bancaire subit par ailleurs la concurrence de nouveaux acteurs comme les FinTech. Il doit également prendre en compte la montée en puissance des risques de cybersécurité . Enfin, les banques doivent faire face à de nouvelles contraintes réglementaires , notamment en ce qui concerne les fonds propres assurant la solidité des établissements et leur permettant d'absorber des pertes. Néanmoins, «la viabilité des modèles d'activité des principales banques françaises ne semble pas menacée à moyen terme», tranche la Banque de France.